Ambiance festive et amicale pour l’enregistrement de cette émission.
Regardez le replay de la diffusion !
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Le Prix du Cercle Proustien 2022 (Madeleine d’or) a été attribué à Clara lit Proust de Stéphane Carlier.
Un Prix hommage pour l’ensemble de son oeuvre est décerné à Jean-Yves Tadié.
L’annonce a été faite en ouverture du Festival littéraire de Cabourg le 15 octobre. Ils seront remis lors du dîner du Cercle littéraire proustien le lundi 5 décembre au Grand Hôtel de Cabourg.
Miguel Bonnefoy, L’inventeur, Mercure de France
Grégoire Bouillier, Le cœur ne cède pas, Flammarion
Brigitte Giraud Vivre vite Flammarion
Sybille Grimbert Le dernier des siens Anne Carrière
Claudie Hunzinger Un chien à ma table Grasset
Oriane Jeancourt-Galignani Quand l’arbre tombe Grasset
Marie Nimier Petite sœur Gallimard
Polina Panassenko Tenir sa langue L’Olivier
Yves Ravey Taormine Minuit
Lucie Rico GPS P.O.L
Romans étrangers
Gabriel Byrne, Mes fantômes et moi, Sabine Wespieser
Rachel Cusk, La dépendance, Gallimard
Nathan Harris La douceur de l’eau Philippe Rey
Andrei Kourkov Les abeilles grises Liana Levi
Lutz Seiler Stern 111 Verdier
Alexander Starritt Nous, les Allemands Belfond
Maria Stepanova En mémoire de la mémoire Stock
Brandon Taylor Real life La croisée
Colson Toibin Le Magicien Grasset
Hanya Yanaghihara, Vers le paradis, Grasset
Essais
Paul Audi Troublante identité Stock
J.F Braunstein, Révolution woke, Grasset
Daniel Cohen Homo numericus Albin Michel
Guillaume Durand Déjeunons sur l’herbe Bouquins
David Haziza, Le procès de la chair, Grasset
Iegor Gran, Z comme zombie, POL
Bertrand Leclair Le train de Proust Pauvert
Hélène Ling Ines Sol Salus Le fétiche et la plume Rivages
Olivier Manoni Traduire Hitler Héloïse d’Ormesson
Florence Naugrette Juliette Drouet compagne du siècle Flammarion
Krystof Pomian, Le musée, Une histoire mondiale, Gallimard
Annette Wieworka Tombeaux Seuil
Et les lauréats sont :
Ravie d’avoir été invitée le 9 décembre 2020 par Frédéric Pommier pour la proclamation du Femina des lycéens !
Alors…voici ma chanson, du temps où j’étais collégienne.
Depuis la rentrée scolaire, les lycéens de 16 établissements des Académies de Normandie, d’Amiens et de Lille lisent les ouvrages de la 1ère sélection du Femina. Les livres sont fournis par les associations de libraires indépendants. Les délibérations et la proclamation du Femina des lycéens auront lieu cette année par visioconférence. Les auteurs ont rencontré à maintes reprises les élèves soit en virtuel soit en « présentiel » pour certains.
Voici la liste des finalistes et le lien pour suivre la proclamation !
Proclamation du lauréat le 9 décembre 2020
Merci à la librairie Mollat de permettre aux écrivains de parler de leurs livres !
Denise est décédée le 28 décembre 2017, dans sa 98ème année. Jusqu’à la fin, elle a gardé sa belle lucidité. Je l’ai connue presque toute ma vie, puisque j’étais avec sa fille Michèle à l’école maternelle et que la similitude de nos noms nous rapprochait, comme si nous étions de la même famille. Les images se succèdent, se superposent, d’autant qu’elle avait si peu changé.
Continuer la lecture de En hommage à Denise Jullien-Bloch
J’emprunte cette chronique à Nathacha Appanah, « notre » lauréate du Femina des lycéens car elle exprime à la perfection, avec simplicité et humanité, ce que j’avais ressenti en apprenant le suicide de ce couple, Paul et Marie-Josephe Guers.
« A l’automne dernier, un écrivain m’a demandé si j’avais conscience de la chance que j’avais d’avoir un si bon accueil pour mon « premier » roman. Il a poursuivi sur ce ton condescendant qu’emploient parfois certaines personnes pour vous expliquer comment ça marche la vraie vie. Que je sois 1) une femme, 2) un peu réservée, et 3) originaire d’un petit pays lointain l’aidaient beaucoup dans son discours.
Je n’ai pas osé l’interrompre (rapport au point 2 susmentionné). Quand enfin, j’ai pu lui dire que ce roman était, en réalité, mon sixième ouvrage, il a émis comme un pfff entre ses lèvres puis il a déclaré, qu’il n’avait jamais, jamais, entendu parler de moi.
Au-delà de l’anecdote, cette rencontre m’a fait réfléchir, encore une fois, à mon travail. Le camarade peu délicat avait raison sur un point : sortir du lot parmi les centaines de romans publiés chaque année est une chance.
Le destin de chaque livre reste un mystère pour moi : pourquoi celui-ci arrive à se frayer un chemin, pourquoi celui-là passe inaperçu, pourquoi celui-ci éclipse les autres. Nous écrivons (et
publions) pour être lus mais également pour que nos histoires, nos personnages, notre manière à nous de dire le monde (et ce monde peut être juste une chambre, une enfance, un rêve) durent plus que le temps d’un livre. Nous voulons tracer un chemin en quelque sorte…
Peu de temps après ce déjeuner, le 30 novembre, je lis une dépêche qui annonce la mort de Paul Guers. J’ai un vague souvenir de ce comédien mais ce qui me frappe c’est cette phrase : « Paul Guers et son épouse écrivaine ont été retrouvés morts lundi à leur domicile. » L’épouse écrivaine n’a ni prénom, ni nom. Plusieurs médias reprennent cette phrase telle quelle puis d’un coup, je ne sais comment, elle trouve un prénom. Désormais, on peut lire, « son épouse écrivaine, Marie- Josèphe ». C’est si désuet ce prénom, je le trouve touchant, je veux en savoir plus.
En tapant Paul Guers et Marie-Josèphe sur un moteur de recherche, j’apprends qu’elle a pris le nom de son époux donc j’ai cherché avec Marie-Josèphe Guers et là mon cœur s’est brisé un peu. Marie-Josèphe Guers a publié sept romans (chez Actes Sud, Jean-Claude Lattès, Albin Michel), quatre ouvrages jeunesse chez Hachette Jeunesse où elle avait créé une collection intitulée
« Bestioles », une biographie de Paul Claudel et dirigé un livre d’art incroyable, L’Univers farfelu d’André Mal raux – une collection de petits dessins réalisés du temps où André Malraux était ministre des affaires culturelles.
Son premier roman a été publié en 1987 et son dernier ouvrage date de 2015. Ses maisons d’édition n’ont pas actualisé sa page, ni mentionné son décès. Deux journaux rajouteront, à l’article original sur la mort de son époux, un paragraphe plutôt sec sur Marie-Josèphe Guers mais pas un mot sur la matière des livres qu’elle écrivait, sur son univers, sur son style, sa prose, que sais-je. Le vide, l’oubli. C’est comme si Marie-Josèphe Guers n’était que la femme de. C’est, encore une fois, la pauvre litanie de notre monde-kleenex qui donne plus de poids – même dans la mort – à un comédien qu’à un écrivain, qui donne plus d’espace à un artiste qu’à une artiste, qui donne plus de crédibilité à la force des images qu’à la valeur des mots.
Je suis entrée dans nombre de librairies avec la même requête. Je cherche un livre de Marie- Josèphe Guers. J’épelle son nom mais personne, personne, n’en a entendu parler ou, pire, personne ne s’en souvient.
Je visionne plusieurs fois la vidéo disponible sur Internet. Marie-Josèphe Guers est l’invitée de Bernard Pivot le 29 avril 1988 pour sa biographie de Paul Claudel. Elle est charmante, des lèvres bien dessinées ; elle a les deux dents de devant un peu proéminentes ou peut-être les dents du bonheur, je n’arrive pas à le déterminer. En tout cas, cela lui donne un air mutin. Elle a des cheveux châtains, vaporeux, coupés au carré. Un collier de perles sur un ensemble jupe chemisier pastel. C’est la seule femme sur le plateau et, face à certains messieurs qui trouvent qu’il y a trop de ceci ou pas assez de cela dans sa biographie, qui lui parlent avec la même condescendance que qui vous savez, Marie-Josèphe Guers répond avec fermeté, phrases belles et intelligentes, arguments à l’appui, gentille ironie de celle à qui on ne la fait pas.
Je suis fascinée et triste et, étrangement, fière aussi ; j’ai envie de traverser le temps et l’embrasser. J’ai envie de lui dire que je n’oublierai pas, moi. J’ai fini par commander son livre sur Internet, je refais son chemin littéraire en commençant par le premier roman, j’honore son monde à elle et la façon dont elle le décrivait.
Et dès les premières pages de La Femme inachevée publiée chez Actes Sud, il y a ceci : « Pourtant quand on lui avait demandé ce qui l’avait le plus marqué dans son existence, grave il avait répondu que deux choses le frappaient dans la vie, sa brièveté, et la faculté d’oubli de l’être humain. »
La chronique de Nathacha Appanah est parue dans le quotidien La Croix le 12 janvier 2017