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En hommage à Denise Jullien-Bloch

Denise

 

Denise est décédée le 28 décembre 2017, dans sa 98ème année. Jusqu’à la fin, elle a gardé sa belle lucidité. Je l’ai connue presque toute ma vie, puisque j’étais avec sa fille Michèle à l’école maternelle et que la similitude de nos noms nous rapprochait, comme si nous étions de la même famille. Les images se succèdent, se superposent, d’autant qu’elle avait si peu changé.

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La femme oubliée

J’emprunte cette chronique à Nathacha Appanah, « notre » lauréate du Femina des lycéens car elle exprime à la perfection, avec simplicité et humanité, ce que j’avais ressenti en apprenant le suicide de ce couple, Paul et Marie-Josephe Guers.

« A l’automne dernier, un écrivain m’a demandé si j’avais conscience de la chance que j’avais d’avoir un si bon accueil pour mon « premier » roman. Il a poursuivi sur ce ton condescendant qu’emploient parfois certaines personnes pour vous expliquer comment ça marche la vraie vie. Que je sois 1) une femme, 2) un peu réservée, et 3) originaire d’un petit pays lointain l’aidaient beaucoup dans son discours.

Je n’ai pas osé l’interrompre (rapport au point 2 susmentionné). Quand enfin, j’ai pu lui dire que ce roman était, en réalité, mon sixième ouvrage, il a émis comme un pfff entre ses lèvres puis il a déclaré, qu’il n’avait jamais, jamais, entendu parler de moi.

Au-delà de l’anecdote, cette rencontre m’a fait réfléchir, encore une fois, à mon travail. Le camarade peu délicat avait raison sur un point : sortir du lot parmi les centaines de romans publiés chaque année est une chance.

Le destin de chaque livre reste un mystère pour moi : pourquoi celui-ci arrive à se frayer un chemin, pourquoi celui-là passe inaperçu, pourquoi celui-ci éclipse les autres. Nous écrivons (et

publions) pour être lus mais également pour que nos histoires, nos personnages, notre manière à nous de dire le monde (et ce monde peut être juste une chambre, une enfance, un rêve) durent plus que le temps d’un livre. Nous voulons tracer un chemin en quelque sorte…

Peu de temps après ce déjeuner, le 30 novembre, je lis une dépêche qui annonce la mort de Paul Guers. J’ai un vague souvenir de ce comédien mais ce qui me frappe c’est cette phrase : « Paul Guers et son épouse écrivaine ont été retrouvés morts lundi à leur domicile. » L’épouse écrivaine n’a ni prénom, ni nom. Plusieurs médias reprennent cette phrase telle quelle puis d’un coup, je ne sais comment, elle trouve un prénom. Désormais, on peut lire, « son épouse écrivaine, Marie- Josèphe ». C’est si désuet ce prénom, je le trouve touchant, je veux en savoir plus.

En tapant Paul Guers et Marie-Josèphe sur un moteur de recherche, j’apprends qu’elle a pris le nom de son époux donc j’ai cherché avec Marie-Josèphe Guers et là mon cœur s’est brisé un peu. Marie-Josèphe Guers a publié sept romans (chez Actes Sud, Jean-Claude Lattès, Albin Michel), quatre ouvrages jeunesse chez Hachette Jeunesse où elle avait créé une collection intitulée
« Bestioles », une biographie de Paul Claudel et dirigé un livre d’art incroyable, L’Univers farfelu d’André Mal raux – une collection de petits dessins réalisés du temps où André Malraux était ministre des affaires culturelles.

Son premier roman a été publié en 1987 et son dernier ouvrage date de 2015. Ses maisons d’édition n’ont pas actualisé sa page, ni mentionné son décès. Deux journaux rajouteront, à l’article original sur la mort de son époux, un paragraphe plutôt sec sur Marie-Josèphe Guers mais pas un mot sur la matière des livres qu’elle écrivait, sur son univers, sur son style, sa prose, que sais-je. Le vide, l’oubli. C’est comme si Marie-Josèphe Guers n’était que la femme de. C’est, encore une fois, la pauvre litanie de notre monde-kleenex qui donne plus de poids – même dans la mort – à un comédien qu’à un écrivain, qui donne plus d’espace à un artiste qu’à une artiste, qui donne plus de crédibilité à la force des images qu’à la valeur des mots.

Je suis entrée dans nombre de librairies avec la même requête. Je cherche un livre de Marie- Josèphe Guers. J’épelle son nom mais personne, personne, n’en a entendu parler ou, pire, personne ne s’en souvient.

Je visionne plusieurs fois la vidéo disponible sur Internet. Marie-Josèphe Guers est l’invitée de Bernard Pivot le 29 avril 1988 pour sa biographie de Paul Claudel. Elle est charmante, des lèvres bien dessinées ; elle a les deux dents de devant un peu proéminentes ou peut-être les dents du bonheur, je n’arrive pas à le déterminer. En tout cas, cela lui donne un air mutin. Elle a des cheveux châtains, vaporeux, coupés au carré. Un collier de perles sur un ensemble jupe chemisier pastel. C’est la seule femme sur le plateau et, face à certains messieurs qui trouvent qu’il y a trop de ceci ou pas assez de cela dans sa biographie, qui lui parlent avec la même condescendance que qui vous savez, Marie-Josèphe Guers répond avec fermeté, phrases belles et intelligentes, arguments à l’appui, gentille ironie de celle à qui on ne la fait pas.

Je suis fascinée et triste et, étrangement, fière aussi ; j’ai envie de traverser le temps et l’embrasser. J’ai envie de lui dire que je n’oublierai pas, moi. J’ai fini par commander son livre sur Internet, je refais son chemin littéraire en commençant par le premier roman, j’honore son monde à elle et la façon dont elle le décrivait.

Et dès les premières pages de La Femme inachevée publiée chez Actes Sud, il y a ceci : « Pourtant quand on lui avait demandé ce qui l’avait le plus marqué dans son existence, grave il avait répondu que deux choses le frappaient dans la vie, sa brièveté, et la faculté d’oubli de l’être humain. »

La chronique de Nathacha Appanah est parue dans le quotidien La Croix le 12 janvier 2017

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Femina des lycéens

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Quelle belle journée , ce mercredi 7 décembre ! A Rouen a donc été décerné le 1er Femina des lycéens.

200 élèves de 6 établissements de l’académie de Rouen avaient voté et défendu leurs choix par l’intermédiaire de deux délégués par classe. Ceux-ci ont délibérés de 9h30 à 12h30 dans la librairie L’Armitière. Et à 12h30, nous avons enfin su :

Tropique de la violence, de Nathacha Appanah ( Gallimard) 

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La zone

Un film de Georges Laborde, assistant de René Clair, montrant la fameuse « zone » qui entourait Paris après la destruction des « fortifs ». Le Paris de 1929 évoqué dans Porte de Champerret…

Emouvant et beau.

La zone

(merci à Philippe Soudée)

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vendredi 13 novembre 2015

Après les attentats contre Charlie et l’Hyper cacher, je me suis sentie pleine de larmes, mais aussi de colère et d’envie de combattre. Nous nous sommes retrouvés des millions dans cet état d’esprit. Puis lentement, au fils des mois, a remonté en moi la peur, venue d’un autre temps. Dans les gares, dans les centres commerciaux, dans le métro, dans les salons du livre comme à Brive où une foule compacte se pressait autour des stands, dans les concerts de rock où je repérais « à tout hasard », dès mon arrivée, les issues de secours. Peur que je jugeais irrationnelle, héritée de mes ancêtres, absurde, et dont je plaisantais.

…Jusqu’à ce vendredi soir. Aujourd’hui, c’est la tristesse et le découragement qui m’habitent. Ces vies arrachées, perdues, mutilées.  Leurs parents, leurs enfants, leurs amis. Je n’ai pas envie de me joindre aux rassemblements, de me rendre  sur les lieux, encore moins de prier ou même de pleurer.

Je me répète ces mots d’une autre époque, celle où l’on croyait encore à un monde meilleur pour tous. Je n’y crois plus mais je me les répète quand même, comme un mantra, pour qu’une petite fenêtre en forme d’espoir s’ouvre encore en moi.

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Prix Femina 2015

 

Tant de livres lus depuis juin et à la fin…trois bons livres couronnés par notre Prix !

La joie des lauréats (et de l’équipe des maisons d’édition)  faisait plaisir à voir. Et à partager…

Le Femina du roman à La cache de Christophe Boltanski (Stock)

Le Femina étranger à La couleur de l’eau de Kerry Hudson (Philippe Rey)

Le Femina essai à Lévi-Strauss d’Emmanuelle Loyer (Flammarion)

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2ème sélection du Prix Femina

Et voici la 2ème sélection ! La presse retient la disparition de Christine Angot de notre liste…mais il reste beaucoup de bons livres, même si chacune d’entre nous a perdu, au cours des votes, quelques préférés.

La 3ème sélection aura lieu le 21 octobre. Les choses deviennent  sérieuses…

 10 romans français

Nathalie Azoulai Titus n’aimait pas Bérénice POL

Maïssa Bey Hizya L’Aube

Christophe Boltanski La cache Stock

Brigitte Giraud Nous étions des héros Stock

Hédi Kaddour Les prépondérants Gallimard

Hélène Lenoir Tilleul Grasset

Charif Majdalani Villa des femmes Seuil

Judith Perrignon Victor Hugo vient de mourir L’Iconoclaste

Boualem Sansal 2084 Gallimard

Alexandre Seurat La Maladroite Le Rouergue

 

10 romans étrangers

Martin Amis La zone d’intérêt Calmann Lévy

Oya Baydar Ne reste que des cendres Phébus

Jane Gardam Le maître des apparences Lattès

Laird Hunt Neverhome Actes Sud

Alice Mac Dermott Someone Quai Voltaire

Dinaw Mengestu Tous nos noms Albin Michel

Owen Sheers J’ai vu un homme Rivage

Sasa Stanisic Avant la fête Stock

Agata Tuszynska La fiancée de Bruno Schulz Grasset

 

1ère sélection  Essais

Frédéric Brun Novalis et l’âme poétique du monde Poesis

Joël Cornette La mort de Louis XIV Gallimard

Benoît Duteurtre La nostalgie des buffets de gare Payot

Cynthia Fleury Les irremplaçables Gallimard

Philippe Forest Aragon Gallimard

Alain Jaubert Casanova L’aventure Gallimard

Nicole Lapierre Sauve qui peut la vie Seuil

Emmanuelle Loyer Claude Lévi-Strauss Flammarion

Benjamin Stora Les clefs retrouvées Stock