Tous les articles par Evelyne Bloch-Dano

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2021

 

 

Une très belle année à vous  tous ! Je n’ajouterai pas les réserves de rigueur (meilleure que 2020, en espérant que l’épidémie etc.). Non que je ne déplore moi aussi la situation qui touche aussi bien les malades, les familles de ceux qui ont succombé, les victimes économiques de cette crise, ceux qui souffrent de solitude ou au contraire de la cohabitation avec une personne violente ou haïe, et tant d’autres.

Moi aussi j’attends avec impatience la réouverture des théâtres, des cinémas, des musées, des restaurants et des cafés qui donnent à nos villes leur couleur et leur vie. Moi aussi j’attends la sortie de ce tunnel interminable auquel s’ajoute la grisaille de l’hiver. Mais je sais que ce moment viendra et que nous en profiterons en réalisant combien ils nous ont manqué. Et puis, la vie reprendra son cours et nous oublierons.

Dans l’actualité immédiate, j’ai suivi hier soir sur CNN l’incroyable insurrection des partisans extrémistes de Trump qu’il a appelés à manifester. Je crains que cela ne soit pas fini, dans ce pays symbole de la démocratie et en proie à une terrible épidémie de COVID que le pouvoir a laissé s’installer.  Il faut garder à l’esprit que la démocratie est fragile, tout comme la santé humaine et l’environnement.

Fragilité : c’est le mot que je mettrai en avant en ce mois de janvier 2021.

En ce qui me concerne , je travaille à la publication de L’âme soeur début mars. Si heureuse de rendre une existence à Natalie Bauer-Lechner, l’amie de Gustav Mahler ! J’ai enregistré cette semaine les trois premiers épisodes du feuilleton qui lui sera consacré sur France-Musique.

A la fin du mois, nous allons quitter l’Orne pour la Côte Fleurie. La mer va succéder à la campagne. Se séparer d’une maison aimée est toujours un petit deuil. Mais je sais qu’elle sera en de bonnes mains, et que les nouveaux propriétaires prendront soin du jardin. Quant à nous, nous ferons revivre une autre maison, et nous  nous promènerons dans d’autres paysages…

Autant dire une nouvelle histoire !

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5e Femina des lycéens

Depuis la rentrée scolaire, les lycéens de 16 établissements des Académies de Normandie, d’Amiens et de Lille lisent les ouvrages de la 1ère sélection du Femina. Les livres sont fournis par les associations de libraires indépendants. Les délibérations et la proclamation du Femina des lycéens auront lieu cette année par visioconférence. Les auteurs ont rencontré à maintes reprises les élèves soit en virtuel soit en « présentiel » pour certains.

Voici la liste des finalistes et le lien pour suivre la proclamation !

Proclamation du lauréat le 9 décembre 2020

 

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Les lauréats du Prix Femina

Le lundi  2 novembre, les lauréats du Prix Femina ont été proclamés avec un jour d’avance sur la date prévue. « Proclamés » est un bien grand mot en l’absence des journalistes et des lauréats eux-mêmes, et surtout de la fermeture des librairies. Cela n’enlève rien aux qualités de nos lauréats  !

Roman français : Nature humaine de Serge Joncour (Flammarion) par 5 voix contre 4 à Histoire du fils à Marie-Hélène Lafon (Buchet-Chastel).

Roman étranger : Ce que je ne veux pas savoir et Le coût de la vie de Deborah Levy (Editions du sous-sol)

Essai : Joseph Kabris de Christophe Granger (Anamosa)

Prix spécial  de l’essai : Beyrouth 2020 – Journal d’un effondrement de Charif  Majdalani (Actes Sud)

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Prix Femina

La première sélection du Prix Femina a été établie le 14 septembre. Elle comprend :

18 romans francophones 

Didier Blonde,Carnet d’adresses de quelques personnages fictifs de la littérature (« l’Arbalète » (Gallimard)

Miguel Bonnefoy,Héritage,  (Rivages)

Sarah Chiche, Saturne (Seuil)

Thierry Clermont, Barocco Bordello (Seuil)

Olivia Elkaïm, Le Tailleur de Relizane (Stock)

Oriane Jeancourt-Galignani, La Femme-écrevisse (Grasset)

Serge Joncour, Nature humaine (Flammarion)

Lola Lafon, Chavirer (Actes Sud)

Marie-Hélène Lafon, Histoire du fils (Buchet-Chastel)

Hugo Lindenberg, Un jour ce sera vide (Bourgois)

Sarah Manigne, Quitter Madrid (Mercure de France)

Diane Mazloum, Une piscine dans le désert (JC Lattès)

Diane Meur, Sous le ciel des hommes (Sabine Wespieser)

Laurent Petitmangin, Ce qu’il faut de nuit (La manufacture de livres)

Patricia Reznikov, Amrita (Flammarion)

Florence Seyvos, Une bête aux aguets (L’Olivier)

Elisa Shua Dusapin, Vladisvostok circus (Zoé)

Angélique Villeneuve, La Belle lumière,  (Le Passage)

 15 romans traduits 

Dulce Maria Cardoso, Eliete, la vie normale,  traduit du portugais par Elodie Dupeau (Chandeigne)

Jeanine Cummins,  American dirt,  traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Françoise Adelstain et Christine Auché (Philippe Rey)

Lucy Ellmann, Les Lionnes, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claro (Seuil)

Yaa Gyasi, Sublime royaume,  traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne Damour (Calmann-Lévy)

Kiran Millwood Hargrave, Les graciées, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Sarah Tardy (Robert Laffont)

Nazanine Hozar, Aria, traduit de l’anglais (Canada) par Marc Amfreville (Stock)

Deborah Levy,  Le Coût de la vie, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Céline Leroy (Sous-Sol)

Annalena McAfee, Poison florilegium, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Sarah Tardy (Belfond)

Colum McCann, Apeirogon, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Clément Baude (Belfond)

Tiffany McDaniel, Betty, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par François Happe (Gallmeister)

Eshkol Nevo, La Dernière interview, traduit de l’hébreu par Jean-Luc Allouche (Gallimard)

Richard Russo, Retour à Martha’s Vineyard, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Esch (Quai Voltaire)

Eduardo Fernando Varela, Patagonie Route 203, traduit de l’espagnol (Argentine) par François Gaudry (Métailié)

Colson Whitehead, Nickel Boys, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles Recoursé (Albin Michel)

Prochaine sélection le 2 octobre, aux romans francophones et traduits s’ajouteront les essais.

 

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Prix Femina des lycéens 2020

Voici la liste des romans français sélectionnés pour la 5ème édition du Femina des lycéens. Cette année, afin de donner plus de temps à la lecture, nous avons choisi dix livres issus de la première sélection du Femina.

  • Héritage de Miguel Bonnefoy (Rivages)
  • Saturne de Sarah Chiche (Seuil)
  • Le tailleur de Relizane d’Olivia Elkaïm (Stock)
  • Nature humaine de Serge Joncour (Flammarion)
  • Chavirer de Lola Lafon (Actes Sud)
  • Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon (Buchet-Chastel)
  • Un jour ce sera vide de Hugo Lindenberg (Bourgois)
  • Une piscine dans le désert de Diane Mazloum (JC Lattès)
  • Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin (La manufacture de livres)
  • Vladisvostok circus d’Elisa Shua Dusapin (Zoé)

Seize établissements participent au Prix, 12 de la région Normandie et 4 de la région Nord-Picardie.

Les délibérations  et la proclamation du lauréat auront lieu le mercredi 9 décembre 2020 à la Médiathèque Alexis de Tocqueville à Caen. La remise de prix est à l’étude, la municipalité du Havre ayant décidé de supprimer les manifestations réunissant les scolaires en raison du COVID, la journée du 21 janvier prévue dans le cadre du Festival « Le goût des autres » a dû être annulée. Ce sera pour l’année prochaine, espérons !

Mais, heureusement,  les rencontres entre les auteurs et les classes auront bien lieu.

Les précédents lauréats : Nathacha Appanah, Tropique de la violence (Gallimard), Jean-Baptiste Andréa Ma reine (Iconoclaste), Isabelle Desquelles, Je voudrais que la nuit me prenne (Belfond), Victor Jestin La chaleur (Flammarion).

 

 

 

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Biographie

« Les techniques du roman sont les seuls moyens d’atteindre une vérité de la biographie, seuls les liens tissés imaginairement entre les faits rendent ceux-ci plausibles et légitimes. »
Marguerite Yourcenar
Cette citation qui m’a été signalée par mon amie Elyane Dezon-Jones, spécialiste de la Correspondance de Marguerite Yourcenar, synthétise à la perfection la relation entre imaginaire et biographie. Non pas trahison des faits mais « moyen(s) d’atteindre une vérité ». Ce sont bien les techniques du roman, et non l’utilisation de la fiction consistant à inventer des faits non avérés, qui permettent cette lecture du réel et sa transposition littéraire. Comment écrire la vie ? Telle pourrait être la question posée par la biographie.

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APRES ?

J’ai retiré de mon blog le Journal de confinement rédigé du 15 mars au dimanche 10 mai. On a beaucoup critiqué ces Journaux mais ils sont l’équivalent pour un écrivain d’un bloc-note ou d’un carnet de croquis au fil des jours. J’ai beaucoup aimé écrire ces textes, j’ai essayé d’y refléter la  vie quotidienne, pas seulement la mienne, mais aussi celle de ceux qui m’entourent, du village où j’habite en Ile de France, de l’actualité en général. Beaucoup de ceux qui l’ont lu s’y sont reconnus et je les remercie de me l’avoir dit. Je l’ai écrit au jour le jour, sans toujours me relire et l’ai conçu dès le début comme un texte éphémère, à l’image de ces « concept stores » éphémères qui s’installent dans les villes et disparaissent.

Mais j’y confiais aussi des événements plus personnels, et je me suis aperçue que cela me gênait de mettre à la disposition de tous des sentiments intimes. Je n’ai laissé que ma Lettre à Noah, mon petit-fils né pendant l’épidémie.

Qu’est-ce que « l’après », sinon un enfant qui grandit ?

Nous votons pour les élections municipales aujourd’hui. Pour la première fois, à ma connaissance, des tensions et des attaques entre candidats ont eu lieu dans notre petite ville. J’espère que cela ne présage pas un « après » agressif et détestable à l’échelle nationale. La période que nous avons traversée devrait au contraire nous rendre plus précieux la vie, la beauté de la nature, l’amitié et l’art de vivre ensemble.

Espérons !

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Lettre à mon petit-fils qui vient de naître

Samedi 2 mai 2020

 Mon petit Noah,

 Tu es né il y a quatre jours et quatre nuits. Tu portes le nom d’un homme qui durant quarante jours et quarante nuits fut ballotté sur les flots d’un déluge engloutissant la terre. C’est pur hasard, ce prénom, choisi par tes parents bien avant cette histoire d’arche dans laquelle nous sommes à notre tour enfermés. Un jour, mon petit Noah, on te racontera ce moment unique de l’histoire des hommes. Tu es arrivé dans notre ciel comme la colombe tenant dans son bec un rameau d’olivier. Dans quelques jours, nous allons pouvoir sortir un peu plus librement, nous promener, regarder autour de nous avec des yeux neufs. Pendant que tu étais dans le ventre de ta maman, bien des choses ont changé, tu sais. Nous ne pouvons plus embrasser nos amis ou leur serrer la main, nous ne pouvons plus aller et venir librement, sans crainte. Oui, pendant que tu étais bien au chaud dans cette bulle, nous avons appris la peur, la méfiance. La mort rôde autour de nous. Nous devons nous tenir éloignés les uns des autres. Nous pensions que ces épidémies appartenaient aux pays lointains ou au passé, et voici qu’on les vit au présent et chez nous. Certains portent déjà des masques et on ne peut même plus les voir sourire. Malgré tout, j’ai entendu cette chose extraordinaire : un tout petit bébé, même si on lui sourit avec un masque, le devine à nos yeux et sourit en retour. Pour l’instant, nous ne pouvons pas encore te voir, te prendre dans nos bras, déposer un baiser sur ta petite main. Ton papa a pu assister à ta naissance car c’était la nuit mais il a dû partir tout de suite après. Comme nous, il lui a fallu se contenter de petites vidéos. Drôle d’histoire ! Te voilà déjà filmé alors que Tual, ton petit frère de deux ans, est interdit d’écran. Tout est à l’envers, mon petit Noah. On marche sur la tête !  Mais tu es vite rentré avec ta maman dans ta maison et te voilà sur le canapé, tétant le sein en poussant des petits grognements de plaisir. Parfois, tu perds le téton, et tu t’énerves, pas content. Oui, nous sommes comme ça aussi, il faut bien le dire. Nous étions dans notre vie, plus ou moins agréable selon les personnes, et il a fallu s’habituer à nous passer de certaines choses dont on ne s’apercevait même pas qu’elles faisaient notre bonheur. Et maintenant qu’elles sont supprimées peut-être pour longtemps, on y pense avec nostalgie ! Je trouvais que je voyageais trop et aujourd’hui, je fais des listes de pays où j’aimerais aller, des pays du nord, je ne sais pas pourquoi.

Tu t’es endormi, un peu de lait coule encore de ta bouche, tu es repu, tout rose comme un porcelet, tu souris aux anges. Je ne te vois pas mais je sais que tes menottes bougent encore un peu. Ton petit corps est tout mou. Je me dis que tu vas grandir, apprendre à marcher et à parler. Tu vas vouloir prendre les jouets de ton frère, tu vas faire des colères, tu vas demander des câlins, tu vas découvrir les fleurs, les oiseaux, les petites bêtes, les mouches et les papillons. Et aussi, les voitures, les camions, les motos, tout ce qui fait du bruit et bouge vite. Tu vas courir, tu vas tomber et te relever, on soufflera sur le bobo et ça ira mieux. Tu repartiras sur tes petites jambes et tu riras aux éclats.

Après le déluge, nous raconte la Bible, Dieu proposa un signe d’alliance à Noé et à ses descendants, l’humanité nouvelle : ce serait l’arc-en-ciel, ce merveilleux prime de couleurs qui vient au soleil après la pluie. Cher petit Noah, je ne sais pas quel sera le monde d’après. Certains pensent qu’il sera meilleur, que nous tirerons les leçons de cette épidémie. Je n’y crois guère mais espérons. Saurons-nous protéger notre terre ? Dans quel monde vivrez-vous ton frère et toi, quand vous serez adulte ? Noé, lui, s’installa sur une terre et cultiva la vigne. N’est-ce pas une belle image ? A ta santé, petit Noah, Le Haïm, à la vie !