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Prix Femina 2018

Grande joie et fierté de voir couronné à la quasi unanimité le roman majeur de ces dernières années : Le lambeau de Philippe Lançon. Ce livre résulte non seulement d’une expérience atroce qui a grièvement blessé son auteur et horrifié le monde – la tuerie de Charlie Hebdo en janvier 2015 –  mais aussi d’une plongée dans les profondeurs de l’intime, d’un chemin de croix de la souffrance qui mène à la reconstruction d’un homme. Pas de haine, pas de dénonciation, pas de règlement de comptes, mais des rencontres essentielles comme celle de Chloé, la chirurgienne, des lectures (Proust, Kafka…), des musiques, et surtout, l’amour des proches, des amis, leur accompagnement.

La question absurde de savoir s’il s’agit de fiction ou de réalité ne se pose même pas. Dans sa construction, son écriture, son accomplissement, le livre pulvérise ces catégories de moins en moins pertinentes.

Le Prix du roman étranger est allé à Alice Mc Dermott pour La neuvième heure, et celui de l’essai à Elisabeth de Fontenay pour Gaspard de la nuit. Deux femmes, dont l’une tisse patiemment une oeuvre consacrée aux Irlandais pauvres dans l’Amérique du début du vingtième siècle, et l’autre une oeuvre philosophique essentielle. Du Silence des bêtes à Gaspard de la nuit, c’est aussi l’humain qu’Elisabeth de Fontenay interroge. Sous la démarche rigoureuse de la philosophe, s’inscrit une humanité vigilante et une grande sensibilité.

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